Les chantiers de BTP
Date d'actualisation : avril 2002

    Actuellement, la très grande majorité des déchets de chantiers sont éliminés en mélange, tout particulièrement pour le secteur du bâtiment, ce qui limite les possibilités de valorisation. Pour ce secteur, on estime qu'environ 90 % sont ainsi mis en décharges (y compris décharges sauvages).

    Les quantités de déchets recyclés sont ainsi extrêmement faibles et ne concernent que les métaux, une partie très limitée du bois (très largement brûlé encore sur les chantiers) utilisé pour la fabrication de panneaux de particules, les bétons de démolition (provenant surtout des démolitions d'ouvrages d'art et de génie civil et dans une moindre mesure de bâtiments de composition simple et présentant peu de matériaux du second oeuvre, tels que les hangars industriels). Ces derniers sont utilisés pour des remblaiements ou concassés pour élaborer des granulats recyclés avec une application en Travaux Publics (sous couches de fondation et de base des routes).

    A signaler également, le recyclage et la régénération des enrobés mais cela ne concerne qu'une partie des gros chantiers pour lesquels les volumes sont importants. Les déchets d'enrobés produits par l'entretien courant des routes (en particulier départementales et communales) sont très rarement valorisés.

    Pour remédier à cette situation :

  • Triez vos déchets et déconstruisez vos bâtiments et vos ouvrages

    1 - SECTEUR DU BATIMENT :

    Le degré de tri des déchets sur les chantiers est fonction du type de bâtiment et de chantier.

    Ainsi, le tri des déchets est en général techniquement plus facile sur les chantiers de construction que sur les chantiers de réhabilitation et de démolition.


    Pour les chantiers de construction neuve
    le tri consiste essentiellement à réaliser un non-mélange des déchets, ceux-ci étant séparés sur le lieu même de la mise en oeuvre des matériaux. Ce non-mélange dépend cependant de la taille du chantier, de la place disponible, qui est fonction de l'environnement immédiat du chantier (site urbain dense avec mitoyens, lotissements avec espaces extérieurs,...) et de l'existence des filières locales d'élimination des déchets

    Pour ce type de chantiers, il faut distinguer les phases de gros œuvre et de second œuvre.

    - en phase de gros œuvre, 4 catégories de tri sont à envisager :

    • déchets inertes (bétons)
    • bois (bois de coffrages et palettes) facilement valorisables
    • métaux (chutes d'armatures)

    - en phase de second œuvre :

    Il y a lieu, en première approche d'envisager un premier degré de tri qui est le suivant :

    • déchets minéraux inertes (maçonnerie, faïences, carrelages, terres cuites…)

    • déchets dangereux (cartouches, produits de jointoiement, emballages souillés…)

    • DIB incinérables (emballages, bois, revêtement de sol souples…)

    • DIB non incinérables (complexes de doublages thermo-acoustiques, métaux…)

    et, si les filières locales de valorisation le permettent (d'un point de vue technique et économique), de réaliser un tri plus poussé, en triant spécifiquement :

    • les métaux (à recycler)

    • les emballages en cartons, essentiellement produits par les lots techniques (à recycler)

    • le bois (à recycler ou à valoriser en énergie)

    • les complexes de doublage thermo-acoustique plâtre + polystyrène ou plâtre + laine de verre (recyclage, en fonction de l'implantation du chantier)

    Dans tous les cas, les emballages n'ayant pas contenu de produits dangereux ou n'en contenant plus doivent être valorisés (recyclage ou incinération avec récupération d'énergie).

    Dans tous les cas, les déchets de peintures liquides, c'est à dire en phase solvant (aqueux ou non) doivent être gérés et éliminés séparément, de manière à ne pas polluer irrémédiablement les autres déchets.

    A noter que toutes les opérations déjà réalisées (chantiers dits "verts") montrent que le tri (ou non-mélange) des déchets en construction neuve ne présente pas de coûts supplémentaires, au contraire. 

    L'ADEME a publié en novembre 2001 un recueil de 24 fiches d'opérations (dont 22 en construction neuve), réalisées entre 1995 et 2000, et ayant appliqué une gestion sélective des déchets. Chaque fiche fournit tous les ratios techniques et économiques liés à la production et à l'élimination des déchets, par catégorie de tri. Cf "gestion sélective des déchets sur les chantiers de construction. Ratios techniques et économiques. 24 fiches d'opérations"


    Pour les chantiers de démolition
    déconstruisez vos bâtiments : désamiantez et décontaminez les bâtiments puis déposez tous les matériaux du second œuvre préalablement à l'abattage de la structure constituée quasi-exclusivement de matériaux minéraux. 

    La déconstruction pose essentiellement les problèmes suivants : délais et mesures de sécurité supplémentaires, nuisances éventuellement plus importantes (bruit, en particulier) et coûts plus élevés. Cette technique suppose en effet d'aller récupérer des matériaux, en balcons, en terrasses, en façades ou dans des trémies, ce qui peut augmenter les risques d'accident. Elle peut induire des nuisances sonores supplémentaires du fait de l'utilisation d'engins et de matériels nécessaires à la dépose des matériaux et produits du second œuvre et plus longues, étant donné l'allongement de la durée du chantier. 

    Conséquence des points précédents, la déconstruction présente des coûts supérieurs (dûs essentiellement à de la main d'œuvre supplémentaire) à ceux de la démolition traditionnelle pour laquelle les pratiques de gestion et d'élimination des déchets sont très peu respectueuses de la protection de l'environnement et de la réglementation.

    A noter : le CA de l'ADEME a voté le 20 décembre 2000 la mise en place d'un système d'aide aux opérations de déconstruction dans la limite de 30 opérations jusqu'au 31 décembre 2002.


    Pour les chantiers de réhabilitation
    ils doivent être appréhendés par analogie aux chantiers de construction neuve et chantiers de démolition, ceux-ci comportant une phase de dépose et une phase de mise en oeuvre des matériaux (ces deux phases pouvant se superposer) : le tri est cependant assez souvent problématique, du fait du manque de place dans bien des cas et de la diversité des déchets produits, chaque catégorie étant en faible quantité.

    Il faut en fait distinguer deux types de chantiers de réhabilitation :

    • ceux qui concernent des opérations pour lesquelles on dispose de place pour gérer sélectivement les déchets, notamment les opérations de réhabilitation de logements sociaux 

    • ceux qui concernent des petites opérations, en milieux urbains denses, pour lesquelles le tri est beaucoup plus problématique et pour lesquelles des structures de tri en aval des chantiers doivent être envisagées.


    2 - SECTEUR DES TRAVAUX PUBLICS

     Il faut distinguer les chantiers de Travaux Publics proprement dits (construction de routes et autoroutes, d'ouvrages d'art -tunnels, ponts-,...) des chantiers de VRD (voirie réseaux divers) réalisés en site urbain. 

    Les premiers produisent de très importantes quantités de matériaux (terres et déblais) qui posent des problèmes de gestion de part leurs volumes, même si l'équilibre entre déblais et remblais est souvent recherché. Les seconds produisent des déchets plus hétérogènes : déblais de tranchées, canalisations (fonte, acier, plastiques), bordures de trottoirs, enrobés, pavés auxquels il faut ajouter les déchets connexes issus des produits et matériels nécessaires à la conduite des chantiers : déchets de matériels, de signalisation, de protection, d'emballages... 

    Pour ces seconds types de chantiers, si le tri est moins problématique que pour le secteur du bâtiment, il est cependant indispensable de disposer de structures d'accueil et de regroupement afin de concentrer les volumes : ceux-ci sont en effet bien souvent en quantités limitées par chantiers.

  • Regroupez vos déchets

     Le tri des déchets peut n'être que partiellement réalisable sur les chantiers, en particulier les chantiers de réhabilitation et de construction neuve ne disposant que de peu de places. Le degré de tri est à adapter au type de chantier et au type de bâtiment. Bien souvent, il n'est possible que de réaliser un pré-tri qui doit alors être accompagné d'un tri plus complet, en aval du chantier. Même dans les cas où un tri poussé est réalisable sur chantier, les quantités produites ne permettent pas toujours d'avoir accès directement à une filière de recyclage. Il est donc indispensable de procéder à un regroupement des déchets produits par divers chantiers.

    Ces opérations de regroupement et de tri complet ou complémentaire doivent être réalisées dans des structures adaptées qui sont essentiellement de trois types :

    Les déchèteries des collectivités

    Les déchèteries des collectivités ont un rôle à jouer dans la collecte des déchets de chantiers :

    • pour les ménages qui réalisent des travaux par eux mêmes et qui produisent des déchets très identiques à ceux que produisent les entreprises qui réalisent les mêmes travaux

    • pour les faibles quantités de déchets provenant de chantiers de petites tailles et des travaux d'entretien (réalisés essentiellement par les artisans et petites entreprises du bâtiment).

    Dans tous les cas le service pour les entreprises doit être payant, et ce en application de la loi.

    En outre, il y a lieu de bien distinguer le milieu rural des milieux urbains et périurbains. Pour le premier, il semble que la rentabilité d'une déchèterie passe par l'acceptation des déchets des entreprises. A contrario, pour les seconds, les déchèteries semblent de plus en plus être dans l'incapacité de pouvoir recevoir ces déchets, du fait des volumes déjà très importants provenant des ménages et des coûts d'exploitation en hausse régulière

     

    Les distributeurs de matériaux de construction et les Grandes surfaces de Bricolage (GSB) professionnelles

    Les distributeurs de matériaux de construction et les GSB ont un rôle essentiel à jouer dans la collecte des déchets de chantiers puisqu'ils peuvent permettre à une entreprise qui vient se fournir en matériaux, de se "débarrasser" en même temps de ses déchets. D'un point de vue logistique et limitation des distances de transport, ils constituent donc un maillon essentiel de la collecte.

    Le service qu'ils peuvent rendre ne peut cependant porter que sur des gisements de déchets limités provenant essentiellement des activités de petites réhabilitations et d'entretiens des bâtiments, pour des raisons de place disponible limitée et du fait qu'un distributeur de matériaux n'a pas vocation à devenir un centre de tri.

    A noter dans ce domaine, le développement de cette activité de service par POINT P (filiale de Saint Gobain).

    Les plates-formes dédiées aux déchets de chantiers

    L'importance de la production des déchets de chantiers nécessite le développement de plates-formes qui leur soient dédiées. Celles-ci peuvent comporter les trois activités suivantes ou seulement l'une des trois :

    • Regroupement : il s'agit alors d'une déchèterie professionnelle pour déchets déjà triés par leurs producteurs

     Ces déchèteries professionnelles deviennent de plus en plus indispensables en milieu urbain et péri-urbain. Elles peuvent être également utiles en milieu rural, leur rayon d'action ne pouvant alors excéder 25 à 30 km, en général et un partenariat avec les collectivités devant être recherché.

    • Tri : il s'agit d'une plate-forme de tri de déchets en mélange qui peut être plus ou moins mécanisée

    Ce type de plates-formes (ou centre de tri) ne peut être envisagé que pour un volume de déchets nettement supérieur au cas précédent et ne situant pas en dessous de 40 000 t/an. Elles doivent être implantées à proximité des centres urbains, là où le gisement de déchets est important; le gisement visé étant celui des déchets en mélange provenant de chantiers de construction neuve (pour lesquels le tri n'a pas été possible ou seulement partiellement) et surtout des chantiers de réhabilitation.

    • Recyclage : l'installation reçoit des déchets d'une seule nature "prêts" à être recyclés, à l'aide d'équipements pour la réduction de taille, le broyage, le concassage, l'épuration, le déferaillage…

    Cette activité concerne, pour l'instant, essentiellement les déchets minéraux (bétons de démolition), la production de granulats recyclés étant d'environ 7 millions de tonnes par an.

    Il peut également être intéressant d'associer à une activité de regroupement, tri ou recyclage une activité de stockage de déchets inertes: un ancien site de carrière peut ainsi accueillir à la fois une déchèterie professionnelle et une décharge pour déchets inertes (de "classe" 3), ce qui permet d'optimiser la filière globale de gestion des déchets, en réduisant en particulier les transports.