Actuellement, la très grande majorité des
déchets de chantiers sont éliminés en mélange, tout
particulièrement pour le secteur du bâtiment, ce qui limite
les possibilités de valorisation. Pour ce secteur, on estime
qu'environ 90 % sont ainsi mis en décharges (y
compris décharges sauvages).
A signaler également, le recyclage et la
régénération des enrobés mais cela ne concerne qu'une partie
des gros chantiers pour lesquels les volumes sont
importants. Les déchets d'enrobés produits par l'entretien
courant des routes (en particulier départementales et
communales) sont très rarement valorisés.
Triez vos
déchets et déconstruisez vos bâtiments et vos
ouvrages
1 -
SECTEUR DU BATIMENT :
Le degré de tri des déchets sur les chantiers
est fonction du type de bâtiment et de chantier.
Ainsi, le tri des déchets est en général
techniquement plus facile sur les chantiers de construction
que sur les chantiers de réhabilitation et de
démolition.
 |
Pour les
chantiers de construction neuve le tri
consiste essentiellement à réaliser un non-mélange des
déchets, ceux-ci étant séparés sur le lieu même de la
mise en oeuvre des matériaux. Ce non-mélange dépend
cependant de la taille du chantier, de la place
disponible, qui est fonction de l'environnement
immédiat du chantier (site urbain dense avec mitoyens,
lotissements avec espaces extérieurs,...) et de
l'existence des filières locales d'élimination des
déchets |
Pour ce type de chantiers, il faut distinguer
les phases de gros œuvre et de second œuvre.
- en phase de gros œuvre, 4 catégories de
tri sont à envisager :
- déchets inertes (bétons)
- bois (bois de coffrages et palettes)
facilement valorisables
- métaux (chutes d'armatures)
- en phase de second œuvre :
Il y a lieu, en première approche d'envisager
un premier degré de tri qui est le suivant :
-
déchets minéraux inertes (maçonnerie,
faïences, carrelages, terres cuites…)
-
déchets dangereux (cartouches, produits de
jointoiement, emballages souillés…)
-
DIB incinérables (emballages, bois,
revêtement de sol souples…)
-
DIB non incinérables (complexes de doublages
thermo-acoustiques, métaux…)
et, si les filières locales de valorisation le
permettent (d'un point de vue technique et économique), de
réaliser un tri plus poussé, en triant spécifiquement :
-
les métaux (à recycler)
-
les emballages en cartons, essentiellement
produits par les lots techniques (à recycler)
-
le bois (à recycler ou à valoriser en
énergie)
-
les complexes de doublage thermo-acoustique
plâtre + polystyrène ou plâtre + laine de verre
(recyclage, en fonction de l'implantation du chantier)
Dans tous les cas, les emballages n'ayant
pas contenu de produits dangereux ou n'en contenant plus
doivent être valorisés (recyclage ou incinération avec
récupération d'énergie).
Dans tous les cas, les déchets de peintures
liquides, c'est à dire en phase solvant (aqueux ou non)
doivent être gérés et éliminés séparément, de manière à ne
pas polluer irrémédiablement les autres déchets.
A noter que toutes les opérations déjà
réalisées (chantiers dits "verts") montrent que le tri (ou
non-mélange) des déchets en construction neuve ne présente
pas de coûts supplémentaires, au contraire.
L'ADEME a publié en novembre 2001 un recueil
de 24 fiches d'opérations (dont 22 en construction neuve),
réalisées entre 1995 et 2000, et ayant appliqué une gestion
sélective des déchets. Chaque fiche fournit tous les ratios
techniques et économiques liés à la production et à
l'élimination des déchets, par catégorie de tri. Cf "gestion sélective des déchets sur les
chantiers de construction. Ratios techniques et économiques.
24 fiches d'opérations"
 |
Pour les chantiers de
démolition déconstruisez vos bâtiments :
désamiantez et décontaminez les bâtiments puis déposez
tous les matériaux du second œuvre préalablement à
l'abattage de la structure constituée
quasi-exclusivement de matériaux
minéraux. |
La déconstruction pose essentiellement les
problèmes suivants : délais et mesures de sécurité
supplémentaires, nuisances éventuellement plus importantes
(bruit, en particulier) et coûts plus élevés. Cette
technique suppose en effet d'aller récupérer des matériaux,
en balcons, en terrasses, en façades ou dans des trémies, ce
qui peut augmenter les risques d'accident. Elle peut induire
des nuisances sonores supplémentaires du fait de
l'utilisation d'engins et de matériels nécessaires à la
dépose des matériaux et produits du second œuvre et plus
longues, étant donné l'allongement de la durée du
chantier.
Conséquence des points précédents, la
déconstruction présente des coûts supérieurs (dûs
essentiellement à de la main d'œuvre supplémentaire) à ceux
de la démolition traditionnelle pour laquelle les pratiques
de gestion et d'élimination des déchets sont très peu
respectueuses de la protection de l'environnement et de la
réglementation.
A noter : le CA de l'ADEME a
voté le 20 décembre 2000 la mise en place d'un système
d'aide aux opérations de déconstruction dans la limite
de 30 opérations jusqu'au 31 décembre 2002.
|
 |
Pour les chantiers de
réhabilitation ils doivent être
appréhendés par analogie aux chantiers de construction
neuve et chantiers de démolition, ceux-ci comportant
une phase de dépose et une phase de mise en oeuvre des
matériaux (ces deux phases pouvant se superposer) : le
tri est cependant assez souvent problématique, du fait
du manque de place dans bien des cas et de la
diversité des déchets produits, chaque catégorie étant
en faible quantité. |
Il faut en fait distinguer deux types de
chantiers de réhabilitation :
-
ceux qui concernent des opérations pour
lesquelles on dispose de place pour gérer sélectivement
les déchets, notamment les opérations de réhabilitation de
logements sociaux
-
ceux qui concernent des petites opérations,
en milieux urbains denses, pour lesquelles le tri est
beaucoup plus problématique et pour lesquelles des
structures de tri en aval des chantiers doivent être
envisagées.
2 - SECTEUR DES TRAVAUX
PUBLICS
Il faut distinguer les chantiers de
Travaux Publics proprement dits (construction de routes et
autoroutes, d'ouvrages d'art -tunnels, ponts-,...) des
chantiers de VRD (voirie réseaux divers) réalisés en site
urbain.
Les premiers produisent de très importantes
quantités de matériaux (terres et déblais) qui posent des
problèmes de gestion de part leurs volumes, même si
l'équilibre entre déblais et remblais est souvent recherché.
Les seconds produisent des déchets plus hétérogènes :
déblais de tranchées, canalisations (fonte, acier,
plastiques), bordures de trottoirs, enrobés, pavés auxquels
il faut ajouter les déchets connexes issus des produits et
matériels nécessaires à la conduite des chantiers : déchets
de matériels, de signalisation, de protection,
d'emballages...
Pour ces seconds types de chantiers, si le tri
est moins problématique que pour le secteur du bâtiment, il
est cependant indispensable de disposer de structures
d'accueil et de regroupement afin de concentrer les volumes
: ceux-ci sont en effet bien souvent en quantités limitées
par chantiers.
Regroupez vos
déchets
Le tri des déchets peut n'être que
partiellement réalisable sur les chantiers, en particulier
les chantiers de réhabilitation et de construction neuve ne
disposant que de peu de places. Le degré de tri est à
adapter au type de chantier et au type de bâtiment. Bien
souvent, il n'est possible que de réaliser un pré-tri
qui doit alors être accompagné d'un tri plus complet,
en aval du chantier. Même dans les cas où un tri poussé est
réalisable sur chantier, les quantités produites ne
permettent pas toujours d'avoir accès directement à une
filière de recyclage. Il est donc indispensable de procéder
à un regroupement des déchets produits par divers
chantiers.
Ces opérations de regroupement et de tri
complet ou complémentaire doivent être réalisées dans des
structures adaptées qui sont essentiellement de trois types
:
Les déchèteries des
collectivités
Les déchèteries des collectivités ont
un rôle à jouer dans la collecte des déchets de
chantiers :
-
pour les ménages qui réalisent des
travaux par eux mêmes et qui produisent des
déchets très identiques à ceux que produisent les
entreprises qui réalisent les mêmes travaux
-
pour les faibles quantités de
déchets provenant de chantiers de petites tailles
et des travaux d'entretien (réalisés
essentiellement par les artisans et petites
entreprises du bâtiment).
Dans tous les cas le service pour les
entreprises doit être payant, et ce en application
de la loi.
En outre, il y a lieu de bien
distinguer le milieu rural des milieux urbains et
périurbains. Pour le premier, il semble que la
rentabilité d'une déchèterie passe par l'acceptation
des déchets des entreprises. A contrario, pour les
seconds, les déchèteries semblent de plus en plus
être dans l'incapacité de pouvoir recevoir ces
déchets, du fait des volumes déjà très importants
provenant des ménages et des coûts d'exploitation en
hausse régulière |
 |
Les
distributeurs de matériaux de construction et les Grandes
surfaces de Bricolage (GSB) professionnelles
Les distributeurs de matériaux de
construction et les GSB ont un rôle essentiel à jouer dans
la collecte des déchets de chantiers puisqu'ils peuvent
permettre à une entreprise qui vient se fournir en
matériaux, de se "débarrasser" en même temps de ses
déchets. D'un point de vue logistique et limitation des
distances de transport, ils constituent donc un maillon
essentiel de la collecte.
Le service qu'ils peuvent rendre ne peut
cependant porter que sur des gisements de déchets limités
provenant essentiellement des activités de petites
réhabilitations et d'entretiens des bâtiments, pour des
raisons de place disponible limitée et du fait qu'un
distributeur de matériaux n'a pas vocation à devenir un
centre de tri.
A noter dans ce domaine, le développement de
cette activité de service par POINT P (filiale de Saint
Gobain).
Les
plates-formes dédiées aux déchets de chantiers
L'importance de la production des déchets de
chantiers nécessite le développement de plates-formes qui
leur soient dédiées. Celles-ci peuvent comporter les trois
activités suivantes ou seulement l'une des trois :
Ces déchèteries professionnelles
deviennent de plus en plus indispensables en milieu
urbain et péri-urbain. Elles peuvent être également
utiles en milieu rural, leur rayon d'action ne pouvant
alors excéder 25 à 30 km, en général et un partenariat
avec les collectivités devant être recherché.
Ce type de plates-formes (ou centre de
tri) ne peut être envisagé que pour un volume de déchets
nettement supérieur au cas précédent et ne situant pas
en dessous de 40 000 t/an. Elles doivent être implantées
à proximité des centres urbains, là où le gisement de
déchets est important; le gisement visé étant celui des
déchets en mélange provenant de chantiers de
construction neuve (pour lesquels le tri n'a pas été
possible ou seulement partiellement) et surtout des
chantiers de réhabilitation.
-
Recyclage : l'installation reçoit
des déchets d'une seule nature "prêts" à être recyclés,
à l'aide d'équipements pour la réduction de taille, le
broyage, le concassage, l'épuration, le déferaillage…
Cette activité concerne, pour l'instant,
essentiellement les déchets minéraux (bétons de
démolition), la production de granulats recyclés étant
d'environ 7 millions de tonnes par
an.
Il peut également être intéressant d'associer
à une activité de regroupement, tri ou recyclage une
activité de stockage de déchets inertes: un ancien site de
carrière peut ainsi accueillir à la fois une déchèterie
professionnelle et une décharge pour déchets inertes (de
"classe" 3), ce qui permet d'optimiser la filière globale de
gestion des déchets, en réduisant en particulier les
transports.