Méthode de calcul des prix

Faire le choix d'une méthode de calcul des prix pour chiffrer des devis. Une décision capitale.

Il y a plusieurs façons pour une entreprise d'amortir ses frais généraux. On pourrait les résumer ainsi.

A 4 Répartition des frais généraux à la fois sur la main d'oeuvre et sur les charges externes (fournitures, sous-traitance, etc..)

B 4 Amortir les frais généraux essentiellement sur la main d'oeuvre.
            Cette méthode consiste à appliquer un coefficient sur la valeur ajoutée.

C 4 Mettre en réserve toute la marge entre Prix de vente et Coût jusqu'à l'amortissement des frais prévus au budget annuel.
            Une fois les frais généraux amortis, la différence constitue la marge bénéficiaire. Cette méthode pourrait s'appeler la méthode
            du surplus.

Commentaires
La méthode A est certainement la plus utilisée, mais généralement les entreprises procédant ainsi sont conscientes du danger et ont tendance à utiliser des coefficients différents suivant les chantiers, quand le coefficient ne comprend pas à la fois l'amortissement des frais généraux et la marge bénéficiaire.
Ces pratiques sont dangereuses pour plusieurs raisons :
    - le coefficient est le résultat de l'exploitation du budget et ne devrait pas varier ; seule la marge bénéficiaire pourrait être variable.
    - sauf activité très ciblée, il est très difficile de prévoir le montant des fournitures qui seront vendues dans l'année.
      Si l'on ajoute le fait que certains clients peuvent avoir envie d'acquérir eux-mêmes les fournitures, cela se complique.

La méthode B
Il y a quelques années, cette méthode était plus connue sous le nom de la méthode APROBA, organisme toujours existant mais moins en devant de la scène. C'est la méthode que nous préconisons à L'ANNUEL DES PRIX, elle correspond à l'activité du BTP et aux entreprises de production. Seule reproche que l'on peut lui faire, c'est que la main d'oeuvre doit être bien prévue car malheureusement c'est le poste le plus difficile à maîtriser.

La méthode C correspond plus à l'industrie qu'au BTP car, en particulier pour les gros chantiers, il est bien difficile au moment où l'on fait le devis de connaître les dates d'exécution des travaux. Elle est réservée aux gestionnaires avertis.

Afin de mesurer la différence fondamentale existant entre le fait d'appliquer un coefficient sur le déboursé sec et sur le poste de main d'oeuvre, nous vous proposons un petit exercice que vous pouvez reproduire avec vos chiffres.

Supposons que le compte de résultat prévisionnel pour les 12 mois à venir, en tenant compte de l'historique (3 années par exemple) et des variations prévisibles de salaires, charges et frais, soit celui-ci : (ramené à la valeur 100 ce qui permettra à chacun en remplaçant les chiffres de calculer ses paramètres).

Ce calcul suppose que les budgets de chantier (achats et masse de salaires producteurs) soient respectés lors de la réalisation des chantiers.

CA                                                                       
Charges externes : Achats
Valeur ajoutée                                                        

Salaires producteurs                        
&  
Charges sur salaires producteurs                
Frais généraux                                                 
Valeur ajoutée de seuil                                      
(c'est la valeur ajoutée minimum qu'il faudra produire pour équilibrer les comptes)

Marge bénéficiaire avant impôts                                                

100 000
34 000
66 000

19 000
18000
23 000
60 000




6 000

 

Les paramètres de calcul se déterminent ainsi en supposant un THM (taux horaire moyen) de 7,62 €. Aujourd'hui, ce chiffre est plutôt de 10 € mais cela ne change pas le raisonnement.

La démonstration qui va suivre peut paraître surprenante mais devrait être un sujet de réflexion, non seulement pour les responsables du budget, mais encore pour les commissions adjudicataires et les enseignants qui, sauf très rare exception, ne parlent même pas de cette question, ce qui est anormal.

Méthode de la marge par heure
(méthode de la valeur ajoutée)
THM = 7,62 €

Pourcentage des charges sur salaires producteurs
(18 000 x 100)/19 000 = 94,74% (95%)

Cœfficient de frais généraux sur salaires chargés
                        60 000           = 1,62
19 000 + 18 000

Prix de revient de l'heure : 7,62 € x 1,95 x 1,62 = 24,07 €

Méthode du déboursé sec
THM = 7,62 €

Pourcentage des charges sur salaires producteurs
(18 000 x 100)/19 000 = 94,74% (95%)
soit pour calculer les charges, un cœfficient sur le THM de 0,95

Cœfficient à appliquer sur                     60 000 + 34 000          = 1,32
le déboursé sec                             (19 000 + 18 000 + 34 000)
pour obtenir le prix de revient

Prix de revient de l'heure : 7,62 € x 1,95 x 1,32 = 19,61 €

Il est évident que dans la vie d'une entreprise, les événements ne sont pas aussi «carrés» et n'aboutissent pas à des résultats aussi spectaculaires car la politique commerciale peut influencer le résultat, mais cela pourrait quand même être le cas.

Supposons que deux entreprises, dirigées par Pierre et Jacques font le premier janvier le choix de 2 méthodes différentes alors qu'ils ont rigoureusement le même budget.
Pierre décide d'appliquer la méthode de L'ANNUEL DES PRIX, Jacques décide d'appliquer un coefficient sur le déboursé sec.

Chantier A       Fournitures H.T     760
Masse salariale    760
hors charges                
Chantier B       Fournitures H.T     152
Masse salariale  1060
hors charges                
Chantier C       Fournitures H.T   1600
Masse salariale    152
hors charges  
             
                     Ces exemples pourraient se retrouver dans tous les corps d'état

Pierre et Jacques étant en concurrence, quels vont être leurs prix de revient respectifs ? (les chiffres sont sensiblement arrondis)

 
Pierre
Jacques

Écart
par rapport à notre méthode (Pierre)

Chantier A

Fournitures                                   760
Valeur ajoutée de seuil                     
760 x 1,95 x 1,62 =                   2 400
3 160

Fournitures                      760
Salaires                            760
Charges/salaires                                             
760 x 0,95 =                     722
Déboursé sec              2 242 x 1,32 = 2 959





6,36 %

Chantier B
Fournitures                                   152
Valeur ajoutée de seuil                     
1060 x 1,95 x 1,62 =                 3 350
3 502
Fournitures                     152
Salaires                       1 060
Charges/salaires                                             
1 060 x 0,95 =             1 007
Déboursé sec            2 219 x 1,32 = 2 929




16,36 %
Chantier C
Fournitures                                1 600
Valeur ajoutée de seuil                     
152 x 1,95 x 1,62 =                       480
2 080
Fournitures                 1 600
Salaires                          152
Charges/salaires                                             
152 x 0,95 =                   144
Déboursé sec            1 896 x 1,32 = 2 503




20,34 %

En cours d'année, se présentent 3 types de chantier :
Il est intéressant de noter que les écarts de prix varient de 6 % à 20 % entre les deux entreprises, sachant que si on analyse les chantiers B et C, une fois c'est Jacques qui est le moins cher alors que l'autre fois, c'est Pierre ; et pourtant, les bases de départ sont les mêmes et il n'y a pas d'erreur. Ces écarts proviennent uniquement du choix de la méthode d'amortissement des frais généraux.

En supposant que Pierre et Jacques se partagent les chantiers A, que Jacques traite les chantiers B et Pierre les chantiers C, ce qui paraîtrait logique étant donné les écarts de prix, nous pourrions arriver à un compte de résultat à la fin de l'année ressemblant à celui-ci (en tenant compte de la masse salariale prévue). Le nombre de chantiers traités par chacun correspondant au nombre d'heures pouvant être réalisé par chacune des entreprises.

Pierre réalise

10 chantiers A soit 10 x 760 = 7 600
75 chantiers C soit 75 x 152 = 11 400
masse salariale dépensée sans les charges 19 000

Jacques réalise

10 chantiers A soit 10 x 760 = 7 600
10,76 chantiers B soit 10,76 x 1 060 = 11 400
masse salariale dépensée 19 000

ce qui pour les deux correspond au budget de salaire prévu pour l'année (aux arrondis)

Cela se traduirait pour les comptes de fin d'année par les résultats suivants (aux arrondis près)

   
Pierre
Jacques

CA (en prix de revient)



Charges externes



Valeur ajoutée
Salaires + charges/salaires
+ frais généraux

Écart sur prix de revient

chantiers A
chantiers C


chantiers A
chantiers C

10 x 3 160 = 31 600
75 x 2 080
= 156 000
187 600

10 x 760 = 7 600
75 x 1 600
= 120 000
127 600

60 000
60 000
                

0

chantiers A
chantiers B


chantiers A
chantiers B

10 x 2 959 = 29 590
10,76 x 2 929 = 31 516
61 106

10 x 760 = 7 600
10,76 x 152 = 1 635
9 235

51 871
60 000
                

Perte                 8129

A noter que les deux entreprises ont strictement respecté les paramètres calculés. Pierre retrouve le résultat prévu alors que Jacques perd plus de 8 000 €, tout en travaillant bien. Il est évident que si chacun avait prévu une marge bénéficiaire de l'ordre de 5% sur le prix de vente (incidence 5,3% sur le prix de revient) :
       - Pierre aurait réalisé 5,3% de 187 600, soit 9 943 €,
       - alors que Jacques aurait perdu (5,3% de 61 106 €) - 8 129 = 4 890 €, tout en ayant espéré 5% de bénéfice, soit 3 238 €
       - soit un écart de 9 943 € + 4 890 € = 14 833 € entre les deux entreprises, ce qui est considérable pour un chiffre d'affaires
         de 100 000 €.

Voyons ce qui ce serait passé si Pierre avait réalisé les chantiers traités par Jacques

Charges externes

10 x 3 160 = 31 600
10,76 x 3 502 = 37 680
--------------
69 280

10 x 760 = 7 600
10,76 x 152 = 1 635
--------------
9 235
Ce qui correspond toujours à la même masse salariale
  Valeur ajoutée                                                           60 000 (arrondi) soit l'équivalent de ses charges
  Les écarts de calcul sont dus aux arrondis. Donc Pierre n'aurait pas perdu d'argent sur ses prévisions.

  Paramètres de calcul retenus pour L'ANNUEL DES PRIX : 
Les prix proposés dans les différentes séquences ont été calculés à partir de données précises développées ci-après.
Ils ne doivent donc être utilisés tels quels que dans la mesure où votre entreprise répond aux mêmes critères.
Dans le cas contraire vous devez recalculer les prix à partir de l'outil informatique mis à votre disposition sur CD-ROM et qui vous permet de :
    * modifier des remises sur les tarifs (matériaux et autres fournitures) que nous avons enregistrés, ou de forcer les prix de ceux qui
      ne correspondent pas à vos prix d'achats HT habituels rendus franco chantier.
    * modifier les temps d'exécution en appliquant une majoration ou une minoration en valeur absolue sur chaque ouvrage
      élémentaire lorsque cela se justifie pour tenir compte de votre productivité.
    * modifier éventuellement les quantités de matériaux ouvrage par ouvrage.
    * enregistrer votre taux horaire moyen (THM).
    * appliquer les coefficients qui correspondent à vos prévisions budgétaires pour chacun des postes HT suivants :
                              Fournitures - Location de matériel - Sous-traitant - Main-d'oeuvre
      Cela n'exclut pas que vous puissiez tenir compte, au moment du chiffrage de vos devis, des conditions particulières du chantier
      (difficultés, concurrence, éloignement, etc).
      Les coefficients que nous proposons sur les prix de sous-traitants et location de matériel (sans tenir compte de la marge
      bénéficiaire) sont destinés à amortir les frais généraux et risques sur ces charges.

  Tarif des matériaux : 
Les prix et les remises sur les tarifs correspondent à des tendances que l'on peut trouver sur l'ensemble du territoire français. Il est évident qu'il peut y avoir des variations et que le prix d'un même matériau peut être différent entre deux régions mais aussi entre deux communes voisines, voire dans la même ville, suivant le fournisseur.
Nous sommes parfaitement conscients que certaines entreprises performantes peuvent acheter à de meilleures conditions que celles que nous avons retenues, mais il serait anormal de ne pas laisser ces entreprises bénéficier de leur savoir-faire, d'autant plus qu'elles ne prendront jamais en compte ces conditions pour chiffrer leurs devis, sauf au moment de la négociation.
Pour les travaux d'entretien maintenance et dépannage, seul le multiservices doit être utilisé, les prix des matériaux ayant été calculés en conséquence.

  Les temps d'exécution : 
Les temps que nous avons retenus dans nos différentes éditions peuvent être différents pour les mêmes ouvrages car nous avons tenu compte des méthodes de travail, de la logistique, de l'importance des travaux, de la structure des entreprises susceptibles de réaliser ces ouvrages.
Nous avons considéré que les entreprises possédaient le matériel normal et habituel pour ce genre de travaux et qu'elles avaient une productivité moyenne. Lorsque certains ouvrages peuvent être réalisés dans des temps différents, en fonction de critères propres au chantier, nous avons doublé, triplé, ou quadruplé ces ouvrages pour vous faciliter le chiffrage de vos devis.
Afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, nous avons précisé à quel type de travaux ces temps devaient être appliqués, en particulier lorsque L'ANNUEL DES PRIX est utilisé pour traiter des marchés annuels.

  Taux horaire moyen : 
S'il s'agit d'une entreprise personnelle, il faut tenir compte, dans les charges, du salaire que le chef d'entreprise estime s'octroyer. Nous n'avons pas tenu compte des apprentis car leur rémunération dépend de leur âge, du temps d'absence pour assister aux cours, de l'ancienneté etc.
Le prix indiqué correspond au salaire brut payé aux ouvriers ou à celui que perçoit un artisan s'il exerce en société.
Les taux retenus tiennent compte de la structure habituelle et des constatations que nous avons faites parmi notre panel. Il se peut qu'une entreprise ait un THM plus ou moins élevé, mais en général cela se traduit par une productivité plus ou moins élevée et des temps d'exécution différents mais le résultat de nombre d'heures x THM est très souvent sensiblement constant.
Le taux horaire moyen (THM) est le quotient du total des salaires bruts de l'ensemble du personnel de production par le nombre d'heures payées pour une période donnée. Il est évident que l'adaptation des prix est dans la majorité des cas indispensable car le THM peut être inférieur ou supérieur à nos estimations suivant les régions, mais également en fonction d'autres critères tels que l'importance des paniers, primes etc.

  Coefficients : 
Suivant la structure de votre entreprise, du mode d'imputation de vos frais de trajet, de l'organisation influençant l'importance du temps perdu, de votre adhésion ou non à une organisation syndicale, vos frais généraux peuvent être différents.
Vous pouvez aussi décider d'amortir de façon variable vos frais généraux entre les grandes masses de votre budget (fournitures, location, sous-traitance, main d'oeuvre) et de faire varier la marge bénéficiaire en fonction de la concurrence, des critères économiques, de votre carnet de commandes, etc. C'est important car l'objectif est bien de couvrir l'ensemble des frais généraux pour une période donnée (trimestre, semestre, année) et de maîtriser la méthode appliquée.
Le CD-ROM, prévu pour personnaliser L'ANNUEL DES PRIX, vous permet toutes ces adaptations.

Le taux de charges sur salaires que nous retenons comprend l'ensemble des charges proportionnelles aux salaires, à savoir :
Les charges sociales, une partie des charges fiscales, une partie des assurances, les congés payés, les jours fériés, les absences payées, les cotisations diverses, le temps perdu (attente, reprise de malfaçons, etc.)

  EXEMPLE DE CALCUL DU PRIX D’UN OUVRAGE 
Nous avons retenu pour cet exemple l’ouvrage.
Code : 1281123     Libellé : Mur agglo ciment creux épaisseur 20 x 20 x 50 cm, 2 alvéoles, hourdé au mortier bâtard     Unité : M2

Détail des fournitures
- Bloc de béton courant creux 20 x 20 x 50, 2 alvéoles
- Sable concassé 0/4 non lavé
- Ciment CPJ - CEM II 32,5
- Chaux hydraulique artificielle XHA
- Transport zone 3 de 3/4 h à 1 h passé
- Eau de gâchage
Q
10,5
0,0465
5,25
5,25
0,0465
0,005
U
U
M3
KG
KG
T
M3
PU. HT
0,975
16,90
0,126
0,140
3,55
2,81
Prix total H.T
10,24
0,78
0,66
0,73
0,16
0,01
Observations
Fournitures principales
Fournitures secondaires
Fournitures secondaires
Fournitures secondaires
Fournitures secondaires
Consommables

Répartition (chiffres arrondis)
Total fournitures principales                                10,24 €
Total fournitures secondaires quantifiables       2,33 €
Total consommables                                              0,01 €
                                                                                                  
Fournitures totales                                               12,58 €

Temps moyen d’exécution : 1,26 H                                                   Prix de revient de l’heure : 9,20 x 1,95 x 1,50 = 26,91 €
Prix de revient main d’oeuvre seule = 26,91 x 1,26 = 33,91 €      Prix de vente fourniture et pose = 46,49 x 1,111 = 51,65 €
Prix de revient fourniture et pose = 33,91 + 12,58 = 46,49 €        Déboursé sec = 12,58 + (1,26 x 9,20 x 1,95) = 35,18 €
Prix de vente main d’oeuvre seule = 33,91 x 1,111 = 37,67 €      Coefficient sur déboursé sec sur le prix de vente = 51,65/35,18 = 1,46